Culture

La restitution du clocher après son effondrement en 2019 a suivi les normes internationales afin de récupérer la valeur patrimoniale inestimable du clocher. Grâce à des modèles virtuels tridimensionnels et à la mise en œuvre d’un système géoréférencé sans précédent, les techniciens du département du patrimoine culturel du gouvernement d’Andorre ont pu identifier la position exacte des 500 pierres qui composent le clocher et les disposer au même endroit où elles se trouvaient avant l’effondrement. La légère inclinaison du clocher a également été corrigée et une corniche non documentée lors de la reconstruction de 1980 y a été placée. Enfin, d’intenses travaux artisanaux ont été réalisés concernant les enduits à la chaux du clocher et de la nef.

Lors de l’intervention, un silo souterrain déjà fouillé en 1979 a été à nouveau exhumé, au pied du clocher, ainsi que tout près, un nouveau silo non documenté auparavant, le quatorzième découvert au Roc d’Enclar. Les deux silos souterrains servaient d’espaces de stockage avant la fondation de l’église Sant Vicenç, probablement au VIIIe siècle ou dans les premières décennies du IXe siècle.

Le Roc d’Enclar a constitué de part sa situation à l’entrée de la vallée et par la facilité de sa défense un lieu stratégique utilisé surtout entre les IXème et XIIème siècles par les comtes d'Urgell afin de contrôler le passage dans la partie haute du pays. L’expansion vers le sud que les comtes de Foix ont entrepris et les conflits qui les ont opposés aux évêques d’Urgell pendant une grande partie du XIIIème siècle ont amené, en 1278 et en 1288, a la signature d’accords, les Paréages, entre ces deux seigneurs. Sur le deuxième de ces documents il est établi que le comte de Foix devait arrêter les travaux de construction d’une fortification qui était en chantier sur ce lieu, et d’autre part, qu’il devait détruire tout ce qui avait déjà était bâti. Cet accord justifie en partie le peu de restes qui ont survécu de l’enceinte et des tours qui la complétaient.

Ce lieu a été habité quelques siècles durant ; les matériaux apparus pendant les différentes campagnes de fouilles archéologiques et qui comprennent outre une monnaie et des restes de céramique d’époque romaine, des céramiques d’époque paléochrétienne, médiévale et postérieure au XVème siècle, ainsi que des monnaies de différents moments du deuxième millénaire, confirment la présence humaine en ce lieu jusqu’à des époques récentes.

L’église de Sant Vicenç a certainement été construite à la fin du VIIIème siècle ou au début du IXème ; le culte s’est maintenu jusqu’au XIXème. La nef est rectangulaire sans autre ouverture que les portes d’entrée et d’accès au clocher ; cette dernière est limitée par un montant de pierre sur un côté et par un arc de construction peu soignée. Le toit est soutenu par des croisées en bois. Dans la partie est se trouve l’abside, avec une base carrée et une voûte en berceau, à laquelle on accède par un arc triomphal, plus étroit que celle-ci, ouvert dans le mur est de la nef. L’abside est illuminée par deux fenêtres à ébrasement simple situées sur les murs est et sud. Le clocher, pas très haut, est circulaire; il possède un seul étage à fenêtres, de facture très rudimentaire, et sous la corniche il présente sept petites fenêtres en forme de fer à cheval.